Anselmo Guinea y Ugalde
Anselmo Guinea y Ugalde
Bilbao 1854 – 1906
Jeune femme au panier de fruits
Huile sur panneau. Signé, localisé et daté en bas à gauche A. Guinea Paris 1891.
41,2 x 32,5 cm
Peintre, aquarelliste et fresquiste, Guinea est formé dans l’atelier d’Antonio María Lecuona dans la première partie des années 1870, où il assimile le style du costumbrismo espagnol. En 1873, il passe quelques temps à Madrid et entre dans l’école de peinture dirigée par Federico de Madrazo. Après une année à Rome en 1875 durant laquelle il rencontre Mariano Fortuny, il devient professeur de dessin à l’École des arts et métiers de Bilbao en 1876, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort. En 1881, il repart pour Rome où il s’installe pour six ans et continue à produire des œuvres pittoresques, scènes de folklore italien et portraits de figures du peuple dans leurs costumes traditionnels, particulièrement à Rome, Naples et Capri. Pendant les années 1880, comme de nombreux peintres d’Europe et d’Amérique du nord, il reçoit l’influence de l’art naturaliste de Jules Bastien-Lepage et comme lui, donne à ses toiles l’aspect de rencontres instantanées avec les personnages : ses figures, souvent vues légèrement par en-dessous, emplissent tout l’espace de la toile et la ligne d’horizon est placée haut derrière eux.
En 1890, il se rend à Paris en compagnie de Manuel Losada et suit les cours de l’Académie Gerveix. Il peint des scènes de rue, fréquente les peintres impressionnistes et subit, comme ses compatriotes Adolfo Guiard et Juan Rochelt l’influence du travail du peintre Raffaelli et toujours de celui de Jules Bastien-Lepage. Sous l’influence des impressionnistes, il s’intéresse au paysage pour lui-même comme dans Las Arenas desde Arriluce (Les sables d'Arriluce, vers 1893). Il expose des œuvres aux Expositions nationales d’art en Espagne en 1884, 1895, 1897 et 1898, ainsi qu’à l’Exposition universelle à Barcelone en 1888. En 1902, il repart pour Rome. À partir de cette époque, son œuvre évolue vers un éclectisme total, dans lequel il fait coexister son attrait pour les scènes de genre et le costume avec une facture pointilliste, le naturalisme spontané de Bastien-Lepage, et un symbolisme naissant, ce qui donne à ses œuvres un aspect un peu extravagant, parfois anecdotiques, mais aussi un charme et un mystère indéniables, qui font de lui l’un des plus intéressants rénovateurs de la peinture basque.
Cette œuvre a été réalisée à lors du séjour parisien de l’artiste et l’influence de Bastien-Lepage et des Impressionnistes est perceptible, dans le motif, une femme du peuple, en habit sombre, et dans la touche vibrante et fine. Les coloris sont propres à l’artiste, qui développe une palette étonnante, allant du mauve au jaune ainsi qu’une mise en page étrange, la ligne d’horizon traversant le panneau de façon légèrement oblique, comme si le paysage montait derrière la jeune femme assise. La femme assise, seule, les mains autour des genoux serrés, dans ce paysage d’automne au ciel rose et frais, dégage une certaine mélancolie et un certain mystère. La touche est extrêmement délicate, fine, évoquant la technique impressionniste que l’artiste découvre et admire à Paris. La lumière vibrante et les coloris clairs et subtils sont caractéristiques de son art au début des années 1890 et se retrouvent dans des œuvres comme Las Segadoras (Les Faucheurs) de 1892 et La Sirga (Le Halage) ou La salla del maiz (La récolte du maïs), toutes deux de 1893, mais il conservera tout au long de sa carrière un attrait pour les couleurs sourdes et les accords à la fois lumineux et mélancoliques, comme encore en 1904 dans Gente (Gens, musée des Beaux-arts de Bilbao)