Giuseppe Bernardino Bison
Giuseppe Bernardino Bison
Palmanova in Friuli 1762 – Milan 1844
Un homme pendu dans une caverne
Gouache sur carton. Inscrit au verso : n. 24 par Melling et au recto sur le carton de fonds, par M. Mellini / Morte del Brigante maino a la spinetta … l’anno 1810, reporté en français sur le cartel du montage : Mort du brigand Maino tué à la Sinetta l’an 1810.
286 x 417 mm
Dessinateur prolifique et vedutiste hors pair, Bison est originaire des Friuli mais sa famille s’installe à Venise dans sa jeunesse. Il y apprend l’art du dessin et de la peinture auprès d’Anton Maria Zanetti le jeune et à l’Académie de peinture, nouvellement créée (1750), où il étudie de 1779 à 1789. Auprès du peintre Costantino Cedini, il apprend la peinture à fresque et avec le scénographe et quadraturiste Antonio Mauro, la perspective. Les vedute et caprices à la gouache qu’il multipliera plus tard sont le fruit de l’association de ces deux tendances : une matière mâte et des vues perspectives. Sa peinture sera durablement marquée par la grande tradition décorative vénitienne du XVIe au XVIIIe siècles, particulièrement par l’exemple de peintres comme Jacopo Guarana, Michele Marieschi, les Guardi, les Longhi et Giambattista Tiepolo. Par l’intermédiaire de son ami l’architecte Gianantonio Selva, il obtient des commandes de décors de palais et de théâtre, tels que la Fenice de Venise ou le Teatro Nuovo de Trieste. Vers 1800, il s’installe à Trieste où il demeurera une trentaine d’année avant de s’installer définitivement à Milan d’où il travaille pour de nombreux théâtres de la région. Bison est aussi l’auteur de plusieurs cycles décoratifs, dans la Villa Zannini de Lancenigo, à la villa dal Vesco de Breda di Piave, dans les palais Carciotti et della Vecchia Borsa de Trieste, mais également dans des églises telles que San Vito à Vippaco, l’église des Jésuites de Trieste et celle des Saints Étienne et Marguerite à Motovun, en Croatie. Il participe avec régularité aux expositions de l’Académie de Brera entre 1833 et 1842. Sur le plan graphique, Bison est aussi connu pour ses dessins à la plume, virtuoses et rapides, que pour ses nombreuses gouaches.
Dans celle-ci, c’est une mise en scène dramatique et théâtrale de la mort d’un personnage dont le corps pend sans vie, une croix placée dans les bras, au bout d’une corde suspendue à la branche d’un arbre lui-même à moitié mort. La scène prend place dans une caverne éclairée par la lune qui apparait derrière un amoncellement de nuages évoquant lui-même une trouée rocheuse. À droite, un obélisque et quelques statues blanches amplifient l’aspect fantomatique de la scène. Les inscriptions anciennes portées sur le cartel et au verso mentionnent la mort du brigand Maino, c’est-à-dire Giuseppe Maïno ou Mayno (1780-1806), ancien soldat qui contesta l’obligation du service militaire au profit des occupants français et devint le chef d’une bande de brigands sévissant dans les bois de la Fraschetta contre les troupes françaises. Le 12 avril 1806, Mayno tomba dans une embuscade, fut tué et exposé mort à Alessandria sur la place d’Armi. La tradition populaire veut qu’il ne soit pas mort tué par un gendarme mais qu’il se soit suicidé d’un coup de pistolet. La représentation de Bison du corps pendu dans une grotte ne correspond donc pas à la mort du brigand ni aux mythes qui en ont suivi. On peut donc remettre en question la fiabilité de ces inscriptions, qui contiennent plusieurs erreurs (1810 au lieu de 1806 et Sinetta au lieu de Spinetta dans la transcription française). Il en va de même pour la mention d’un M. Mellini ou Melling qui serait l’auteur de la gouache. Aucun artiste connu de ce nom n’est susceptible d’avoir réalisé une telle œuvre, par ailleurs si caractéristique de Giuseppe Bernardino Bison, dont la force narrative n’est jamais aussi forte que dans ces scènes nocturnes et hermétiques. Cependant, cette erreur témoigne de la célébrité de Mayno della Spinetta, brigand gentleman, parfois appelé le Robins des Bois du Piémont, une célébrité souscrivant à la vision romantique du brigandage développée au XIXe siècle dans la littérature gothique et autour de la figure du peintre Salvator Rosa.