François Boucher
François Boucher
Paris 1703 - 1770
Study of a Seated Female Nude | Étude de femme nue assise

Sanguine, pierre noire et blanche avec pastel bleu sur papier crème
Inscrit f. Boucher en bas à gauche
305 x 225 mm (12 x 8 7/8 in.)
Provenance
Marie-Guillaume-Thérèse de Villenave, Paris, 1762 - 1846 ; sa vente, Paris, Société de l'Alliance des Arts (L. 61), 1er décembre et jours suivants, 1842, lot 604 ; collection privée, Paris ; Stair Sainty Matthiesen, New York, François Boucher, His Circle and Influence, 1987, cat. 26, illustré p. 48 et pl. III ; Bernadette et William M.B. Berger, Denver, Colorado, acquis en 1996, The Berger Collection Educational Trust, Denver.
Exposition
Aspen, Colorado, Old Master Paintings and Drawings from Colorado Collections, 1998, p. 2 et 148, reproduit sur la couverture, catalogue par Timothy J. Standring ; New York, The Frick Collection et Fort Worth, The Kimbell Art Museum, The Drawings of François Boucher, 2003-2004, catalogue d'exposition par Alastair Laing, p. 108, cat. 34, illustré p. 10 et 109.
Bibliographie
Soullié & Ch. Masson, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné de François Boucher, Paris 1906, n° 2233 ; A. Ananoff (en collaboration avec l'institut Wildenstein), François Boucher, Paris, 1976, T. II, p. 36 et 37, sous n° 338, 338/3, fig. 978 ; Alastair Laing, The Drawings of François Boucher, 2003-2004, p. 108, cat. 34, illustré p. 10 et 109.
Cette sensuelle jeune femme de François Boucher peut être vue comme une déclinaison de la figure de Diane, telle qu'elle se présente dans Diane sortant du bain, œuvre peinte exposée au Salon de 1742 et conservée aujourd'hui au musée du Louvre. Alastair Laing propose une datation de ce dessin autour de 1755, c'est-à-dire postérieurement au tableau, et observe qu'il existe au moins trois gravures représentant un modèle très proche. Dans ce dessin, la jeune femme assise, jambes croisées, le buste presque tourné vers le spectateur, s'apprête à attraper son pied droit, le regard pensivement dirigé vers le bas. Dans les gravures, en revanche, elle est représentée de profil tenant les draps du lit dans ses mains. La première d'entre elles, exécutée en manière de crayon par Gilles Demarteau, reprendrait un dessin de la collection de madame Blondel d'Azaincourt. La jeune femme y est représentée en train de regarder des fleurs dans un pan du drapé, tandis que d'autres tombent d'un panier à ses pieds. Dans les deux autres gravures connues, Vénus tenant le symbole de l'amour par Louis-Marin Bonnet et L'Attention dangereuse par Antoine-François Dennel, possiblement d'après un tableau, un couple de colombes se niche dans les draps à la place des fleurs. Toutes trois visent certainement à représenter la virginité perdue.
Il est possible que cette étude soit une première pensée sur ce sujet, mais l'intention première de François Boucher est clairement de rendre hommage aux formes féminines, abordées ici d'une manière très rubénienne. Le traitement voluptueux de la chair et la langueur de la pose évoquent non seulement la déesse de la Diane au bain de 1742 mais aussi celle de sa célèbre Toilette de Vénus conservée au Metropolitan Museum de New York. Comme Françoise Joulie l'a décrit dans son catalogue de l'exposition de 2013, l'artiste utilise à partir des années 1740 « un trait plus modulé, jouant délicatement avec une sanguine relevée de craie, pour donner en douceur les volumes, et avec des ombres légères à la pierre noire ; des touches de pastel viendront colorer plus tard certaines de ces feuilles [...]. C'est alors que les dessins de Boucher commencent à être encadrés et ses nus féminins collectionnés avec passion [1] ». Cette œuvre est un parfait exemple de ces dessins décoratifs destinés à être collectionnés et accrochés aux murs au même titre que les pastels : exécutée aux trois crayons et pleinement aboutie, elle peut être considérée comme une œuvre en soi plutôt que comme une étude préparatoire.
Au début du XIXe siècle, ce dessin a appartenu au collectionneur et homme de lettres Marie-Guillaume-Thérèse de Villenave (1762-1846). Il était inclus dans la première vente de sa collection, qui eut lieu de son vivant et fut organisée par la Société de l'Alliance des Arts, une association nouvellement fondée par Théophile Thoré dont le but était d'organiser des ventes publiques plus officielles accompagnées d'expertises fondées. La marque (Lugt 61) était alors apposée sur les œuvres présentées dans ces ventes ; elle figure en bas à gauche de ce dessin.
[1] Françoise Joulie, Catalogue d'exposition, François Boucher, Fragments d'une vision du monde, Gl Holtegaard, Copenhague, 2013, p. 90 et p.96.